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tardif, rendu enfin à l’équité et au bon sens, ne tariroit-il pas une source trop féconde d’injustices, de cruautés et de crimes, en faisant disparoître une opposition si dangereuse, entre le penchant naturel le plus vif, le plus difficile à réprimer, et les devoirs de l’homme, ou les intérêts de la société ? Ne produiroit-il pas enfin ce qui n’a jamais été jusqu’ici qu’une chimère ; des mœurs nationales, douces et pures, formées, non de privations orgueilleuses, d’apparences hypocrites, de réserves imposées par la crainte de la honte ou les terreurs religieuses, mais d’habitudes librement contractées, inspirées par la nature, avouées par la raison ?

Les peuples plus éclairés, se ressaisissant du droit de disposer eux-mêmes de leur sang et de leurs richesses, apprendront peu-à-peu à regarder la guerre comme le fléau le plus funeste, comme le plus grand des crimes. On verra d’abord disparoître celles, où les usurpateurs de la souveraineté des nations les entraînoient, pour de prétendus droits héréditaires.

Les peuples sauront qu’ils ne peuvent

devenir