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devenir conquérans sans perdre leur liberté ; que des confédérations perpétuelles sont le seul moyen de maintenir leur indépendance ; qu’ils doivent chercher la sûreté et non la puissance. Peu-à-peu les préjugés commerciaux se dissiperont ; un faux intérêt mercantile perdra l’affreux pouvoir d’ensanglanter la terre, et de ruiner les nations sous prétexte de les enrichir. Comme les peuples se rapprocheront enfin dans les principes de la politique et de la morale, comme chacun d’eux, pour son propre avantage, appellera les étrangers à un partage plus égal des biens qu’il doit à la nature ou à son industrie, toutes ces causes qui produisent, enveniment, perpétuent les haines nationales, s’évanouiront peu-à-peu, elles ne fourniront plus à la fureur belliqueuse, ni aliment, ni prétexte.

Des institutions, mieux combinées que ces projets de paix perpétuelle, qui ont occupé le loisir et consolé l’ame de quelques philosophes, accéléreront les progrès de cette fraternité des nations ; et les guerres entre les peuples, comme les assassinats, seront au nombre de ces atrocités extraor-