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L’Indépendance de la Corée, sous le nom de « Royaume de Chosen », fut reconnue également par les États-Unis d’Amérique dans le « Traité de Paix, d’Amitié, de Commerce et de Navigation » conclu avec le Gouvernement Coréen le 22 mai 1882, et qui contenait l’importante stipulation suivante : « Si une autre Puissance agissait injustement et oppressivement à l’égard de l’un de ces deux Gouvernements, l’autre exercerait ses bons offices afin d’aboutir à un arrangement amical et de démontrer ainsi leurs sentiments réciproques d’amitié ».

La Souveraineté Coréenne fut aussi reconnue et admise par la Grande-Bretagne, la France, l’Italie, la Russie et par d’autres Puissances dans des Traités de Paix et de Commerce respectifs conclus avec le Gouvernement Coréen.

Dans le Traité de Shimonoseki du 17 avril 1895, le Japon obligea la Chine à reconnaître définitivement « l’entière et complète indépendance de la Corée ».

L’Indépendance de la Corée était de nouveau affirmée et substantiellement garantie par le Japon et la Grande-Bretagne dans la première Alliance Anglo-Japonaise du 20 Janvier 1902.

En dernier lieu, dans le Traité d’Alliance défensive et offensive intervenu entre le Gouvernement Japonais et le Gouvernement Coréen en 1904, le Japon garantissait, une fois de plus, l’entière indépendance de la Corée, et cette dernière s’engageait à donner aide matérielle au Japon dans ses préparatifs de guerre contre la Russie.

IV


« Transaction dans la Liberté ».

Ce fut pour protéger et maintenir l’Indépendance et l’intégrité territoriale de la Corée que le Japon fit, soi-disant, sa première guerre continentale contre la Chine en 1894-95.

Le même but fut invoqué lorsque le Japon défia et vainquit l’Empire des Tsars en 1904-05.

La renommée universelle du Japon Invincible, à la suite de ces deux guerres, n’est imputable qu’au prétendu geste chevaleresque que l’on crut voir dans ces transactions au sujet de la liberté.

V


La Prusse et le Japon.

La fausseté des engagements pris par le Japon est pleinement démontrée maintenant, et il ne peut se disculper de sa mauvaise foi et de sa duplicité.

Comme la Prusse dans ses deux guerres contre l’Autriche et contre la France, le Japon prépara ses deux guerres contre la Chine et contre la Russie. Comme la Prusse devint la grande puissance militaire de l’Europe, le Japon est devenu la grande puissance militaire de l’Asie à la suite de sa Guerre Défensive contre les deux Puissances qui se trouvaient sur la route de ses ambitions continentales. Et l’on peut ajouter que la Prusse et le Japon sont les Puissances Modernes qui ont le plus profité de leur Politique militaire.

S’il y a quelque différence entre ces deux Puissances conquérantes, elle consiste en ce que le Japon jouit d’une plus grande immoralité. La Prusse conçut, prépara et gagna ses deux guerres afin d’assurer l’hégémonie en Europe de l’empire germanique. Elle n’aggrava pas son crime par l’assassinat d’une Nation dont elle avait garanti solennellement l’indépendance et l’intégrité. Elle n’accomplit pas ses grands desseins en faisant passer aux yeux du Monde sa politique de conquête et d’annexion pour une politique chevaleresque dont l’objectif était la protection d’un. peuple en danger !

Tout cela, et plus encore, fut accompli par le Japon !

VI


Le Protectorat de la Corée.

Quelques mois après le dernier des Traités où le Japon garantissait la perpétuelle indépendance et l’intégrité de la Corée, le Traité de Portsmouth était conclu, dans lequel le Japon obligeait la Russie à reconnaître que le Japon possède en Corée des Intérêts Militaires, Politiques et Économiques primordiaux et à s’engager