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XIV


Le Japon hostile au Christianisme.

L’introduction du Christianisme en Corée étant apparue comme un danger, puisqu’il réveille par son enseignement la conscience du respect personnel et surtout condamne la soumission passive à l’autorité du Japon, le Gouvernement du Mikado considère l’œuvre des Missions chrétiennes en Corée comme nettement contraire et hostile aux intérêts vitaux Japonais. Aussi les Autorités Japonaises font-elles tous leurs efforts — particulièrement la police — pour enrayer et décourager l’œuvre de ces Missions.

Un fait significatif de cette hostilité des autorités Japonaises contre le Christianisme en Corée fut la cruelle persécution des Chrétiens Coréens impliqués dans l’affaire connue sous le nom de l’« Affaire de la conspiration Coréenne »[1].

Le fait de considérer le Christianisme comme un sérieux danger et une force hostile au succès des méthodes et de la politique Japonaise en Corée, n’est-il pas l’indice le plus sérieux de l’œuvre néfaste du Japon dans ce pays.

XV


La Corée transformée en forteresse.

Les Travaux Publics exécutés par le Japon l’ont été en vue d’achever complètement sa main-mise sur la Corée ; il a construit toutes ses voies ferrées dans le sens convergeant à la frontière afin de pénétrer dans la Mandchourie du Sud. Il a multiplié les routes dans le même ordre d’idées et construit d’importants bâtiments pour y loger l’innombrable armée de ses fonctionnaires qui dirigent le pays. Il a fait d’autre part, cela est incontestable, et pour la forme, quelques réformes au point de vue sanitaire dans certains centres urbains.

Sur tous les travaux de « développement et de progrès » quant à la vie matérielle en Corée, on peut lire — chaque année — dans le « Rapport » splendidement illustré et publié par le Gouvernement Général de Chosen (Corée) : « Aucune dépense ne doit être épargnée pour la préparation et la publication de ce Rapport Annuel, car c’est une des principales armes de la propagande Japonaise à l’Étranger ».

Mais, en dépit des réformes annoncées par le Rapport Annuel, les méthodes de la Politique Japonaise continuent impitoyables. Un article de fond du « Shin Nippon », journal Japonais qui eut le courage de critiquer les autorités Japonaises à propos de « l’Affaire de la Conspiration Coréenne » le prouve suffisamment :

« Le Comte Teraoutchi tente par tous les moyens d’enrayer la révolte des Coréens contre son Administration, même au détriment des intérêts péninsulaires de ses propres compatriotes. Sa censure, son service d’espionnage policier, sa législation ouvrière et industrielle, tout cela est inspiré par la crainte d’un réveil des Coréens. Le Gouverneur Général voudrait faire de la péninsule une vaste prison-forteresse et il considère tous les industriels et commerçants travaillant en Corée comme des hommes de troupe dont il restreint l’activité en les encasernant… »

Il ne faut pas oublier non plus que « la plupart des réformes, autant qu’elles sont des réformes, ont été accomplies aux dépens de la Colonie »[2]. Elles ont été, en effet, effectuées ou introduites aux frais des contribuables Coréens, dans l’intérêt et pour le bénéfice des résidents Japonais, pour qui les autorités Japonaises voudraient rendre le séjour en Corée des plus agréables.

XVI


L’Œuvre Anglo-Saxonne en Extrême-Asie.

Il n’existe pas de méthodes ou de moyens qui puissent égaler l’œuvre néfaste du Japon en Corée. Il n’y a aucune comparaison possible avec le but et l’esprit, aussi bien qu’avec les méthodes employées par les Anglo-Saxons en Asie :

  1. Voir appendice no 2.
  2. « L’Affaire de la Conspiration Coréenne » par A.J. Brown, New-York.