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l’Economie, de l’Industrie, etc. ; il lui est également interdit de façon formelle d’aller en Europe ou en Amérique chercher une éducation occidentale ou moderne, même à ses propres frais.

Cette même politique explique aussi la suppression, par la force, de 360 écoles chrétiennes et de centaines d’autres institutions privées d’éducation en Corée.

Les statistiques suivantes, publiées par le Gouvernement Général de Corée pour l’année 1917, illustrent encore mieux les méthodes Japonaises. Pour une population de 16.648.129 Coréens, les écoles établies par les Autorités Japonaises, où viennent seulement 86.410 élèves Coréens, sont ainsi réparties :

441 
Écoles primaires 
 avec 81.845 élèves
Écoles Primaires Supérieures 
 
avec 1.791 élèves
74 
Écoles Élémentaires d’Agriculture, de Commerce et d’Industrie 
 avec 2.029 élèves
École de Médecine 
 avec 253 élèves
École de Droit 
 avec 138 élèves
École Industrielle 
 avec 282 élèves
École d’Agriculture et Forestière 
 avec 72 élèves

soit au total 526 écoles pour 86.410 élèves.

Alors que, pour une population d’immigrants Japonais de 320.938 individus, les autorités ont établi 367 écoles spéciales Japonaises de toutes classes, et dont l’enseignement est suivi par 42.467 nippons, ainsi réparties :

342 
Écoles Primaires 
 avec 37.911 élèves
Écoles moyennes 
 avec 1.478 élèves
10 
Écoles Supérieures de Filles 
 avec 1.648 élèves
Collèges Supérieurs Commerciaux 
 avec 899 élèves
École Coloniale Orientale 
 avec 18 élèves
Écoles privées Techniques et Commerciales 
 avec 513 élèves

Les constatations qui précèdent justifient pleinement les rapports sur la politique Japonaise d’éducation en Corée, parus dans la presse américaine et qui n’ont jamais été démentis jusqu’à présent : « Sous le joug Japonais toutes les aspirations nationales sont étouffées (en Corée) et toutes les mesures sont prises pour enrayer le développement du patriotisme. Ceci est exécuté systématiquement de différentes façons. Un des plus puissants et des plus efficaces parmi les moyens employés par le Japon est la quasi-suppression de l’enseignement supérieur par suite des restrictions sévères appliquées à l’égard des Coréens. Par exemple, l’histoire de la Corée n’y est pas enseignée, et lorsque l’étudiant a fait quelques progrès dans ses études, il est obligé de quitter l’école !… etc. »

XII


« Le Contrôle » des richesses Coréennes.

Presque chaque famille aisée Coréenne est obligée d’avoir chez elle un contrôleur Japonais qui surveille la gestion de ses propriétés et de ses finances.

Les Coréens qui ont des dépôts en Banque — qui sont, du reste, toutes Japonaises — ne peuvent en retirer des sommes importantes sans être obligés d’indiquer au Directeur l’objet et l’emploi de cet argent.

XIII


Des armes.

Il est interdit aux Coréens de détenir ou de se servir d’armes à feu sous quelque forme que ce soit.

Il n’est pas sans intérêt d’ajouter qu’un investigateur Américain, au cours de ses enquêtes sur l’état de la Corée sous la domination Japonaise, constata qu’aucune famille Coréenne, en certains districts, ne pouvait avoir en sa possession le légendaire Couteau de cuisine Coréen en usage depuis des temps immémoriaux. Un seul de ces couteaux ne devait servir que pour cinq ou six familles ; encore fallait-il, lorsqu’on ne s’en servait pas, le suspendre à un endroit déterminé et bien en vue du regard vigilant du gendarme japonais. Cette curieuse constatation ne fut pas publiée par suite de sa non-opportunité à cette époque.