Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/33

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Plus tard, lorsque l’instruction se fut vulgarisée, les grandes villes eurent aussi leurs bibliothèques et là, comme dans les couvents, l’habitude d’enchaîner les reliures se continua pour les manuscrits et les livres précieux. La bibliothèque de l’Université de Leyde avait encore tous ses livres enchaînés au xviee siècle.

Les diverses reliures dont je viens de parler ont pris la dénomination de reliures monastiques, c’est-à-dire non seulement celles qui étaient faites, mais aussi celles que l’on supposait indistinctement avoir été exécutées dans les couvents et dans les monastères. Cette même appellation est restée en usage pour désigner toutes les reliures en peau de truie ou en veau estampées de fers à froid et qui datent des xive, xve et xvie siècles, et leur imitation est restée ce qu’on appelle le genre monastique.

Les xiiie, xive et xve siècles ont vu se former de véritables artistes, des orfèvres, des verriers, des sculpteurs, des dessinateurs, des architectes de grand mérite. On appelait ces derniers Magister lapidum; Jean Davi conçut la cathédrale de Rouen, Erwin de Steinbach celle de Strasbourg, Jean de Chelles dirigea les travaux de Notre-Dame de Paris; Pierre de Montereau, sous les ordres de Saint-Louis, posa la première pierre de la Sainte-Chapelle en 1245. Tous ces monuments, qui sont les plus beaux chefs-d’œuvre de l’époque et qu’on peut admirer aujourd’hui, attestent le réveil grandiose du génie humain. En 1466, Gutenberg arrive avec sa découverte de l’imprimerie, cet art vulgarisateur par excellence, qui a permis de répandre tout à coup à profusion ce qui, jusqu’alors, n’était l’apanage que de quelques privilégiés. À soN exemple, et comme pour l’aider à parfaire son œuvre, des dessinateurs, des graveurs jusqu’alors