Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Plus tard, c’est-à-dire vers la fin du xvie siècle, des relieurs moins artistes et moins scrupuleux ont. par économie de temps et d’argent, remplacé les tranches antiquées au burin par des compositions entières gravées et venant d’un seul coup.

Avec Louis XII nous voyons apparaître un commencement de dorure dans la décoration des reliures. Au milieu de roulettes à froid de divers genres se trouvent mêlées des fleurs de lys, des hermines, les armes de France et celles de Bretagne frappées en dorure. Je parle ici de reliures exécutées pour le souverain, et ce sera principalement parmi les pièces de provenance royale, que je prendrai mes exemples : les quelques grands amateurs ou artistes célèbres qui nous ont laissé des œuvres de mérite, dignes d’être mentionnées, n’étant proportionnellement parlant qu’en très petit nombre. La reliure que je viens de décrire, faite pour Louis XII, décorée des fleurs de lys de France et des hermines de Bretagne représentant l’alliance du roi et d’Anne de Bretagne était encore ornée d’un porc-épic placé en or au centre du plat. La figure de ce quadrupède était l’emblème adopté par le roi. Cette coutume de prendre des emblèmes a commencé au temps des croisades et des tournois; les chevaliers accompagnaient même souvent le motif choisi d’une devise indiquant la grandeur de leur desseins. Cet usage s’est maintenu à toutes les époques d’une façon plus ou moins complète, et par le fait est resté encore jusqu’à nous ; la première république avait le faisceau et le bonnet phrygien ; la royauté constitutionnelle, le coq ; l’empire, l’aigle ; la république actuelle, une tête de femme allégorique ; Paris a depuis longtemps et conserve toujours son navire balloté sur les flots, avec la devise : Fluctuât nec mergitur.