Page:Conférences sur la reliure et la dorure des livres.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sentir. Voici un petit office de la Vierge, de 1658, dont le texte, divisé en trois parties à peu près égales, forme trois reliures différentes fixées l’une à l’autre en sens inverse, c’est-à-dire que la gouttière de ia première partie touche le dos de la seconde, qui elle-même touche la gouttière de la troisième, de sorte que, pour lire couramment l’ouvrage, on est obligé de le faire pivoter horizontalement dans les mains. Vous remarquerez qu’il n’y a que quatre cartons pour les trois parties et que les deux du milieu servent à chacun des volumes. Ce genre de travail a conservé le nom de reliures jumelles. Est-ce pour obtenir un effet moins lourd ou pour faire une chose bizarre que cet objet a été conçu ? Je penche pour la seconde hypothèse; en somme, le maniement du livre n’est pas pratique, mais c’est une curiosité qui n’est pas commune à rencontrer.

Nous arrivons maintenant au xviiie siècle qui fut un de ceux des rares qui produisirent un style réellement à eux ; il n’a rien emprunté à ses devanciers, tout ce qui avait été fait jusqu’ici disparaît et est remplacé par des décorations extrêmement riches, composées de dentelles disposées en rinceaux, dont les motifs sont spécialement empruntés à la flore. Les relieurs qui ont eu quelque renommée sont alors en assez grand nombre, car touseeux qui avaient une certaine fortune voulaient ’ avoir une bibliothèque, et la fabrication des reliures s’en est accrue considérablement. Par ordre de date, je citerai seulement parmi les plus importants :

Augustin de Seuil ou du Seuil, relieur du roi, de llll à 1746. C’est à lui qu’on attribue faussement ces décorations de doubles compartiments de trois filets fins, ornés aux angles d’un petit fleuron, qui furent surtout employées de 1630 à 1680.