Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/112

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cris humains, moins immenses, mais infiniment poignants, comme exprimant la rage et la douleur humaine. Et à chaque coup de roulis on entendait également des coups sourds, profonds et pesants comme si une masse du poids de cinq tonnes eût eu du jeu dans la cale ; il n’y avait cependant dans la cargaison rien de semblable ; ou sur le pont alors ? Impossible. Ou bien le long du bord ? Cela ne se pouvait.

Il pensa tout ceci vivement, clairement, avec compétence, en marin, et resta perplexe. Ce bruit pourtant arrivait à lui assourdi, de l’extérieur, en même temps que celui des trombes d’eau s’abattant sur le pont au-dessus de sa tête. Était-ce le vent ? Probablement. Cela faisait là en bas un vacarme semblable aux clameurs d’une bande de forcenés. Alors, il découvrit, en lui-même aussi, le désir d’avoir une lumière — ne fût-ce que pour se voir sombrer — et un grand besoin nerveux de sortir de cette soute le plus vite possible.

Il tira le verrou : la pesante plaque de fer