Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/111

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assez vite à se remettre sur pied ; et, par une heureuse chance, en se relevant, il mit la main sur la barre de fer, qu’il ramassa ; il aurait craint, sinon, que la chose ne lui cassât les jambes ou tout au moins ne le fît reculbuter. Tout d’abord il resta tranquille ; il se sentait mal en sûreté dans ces ténèbres qui semblaient rendre les mouvements du navire anormaux, imprévus et difficiles à déjouer. Pendant un instant, il se sentit si fort secoué qu’il n’osa bouger de peur d’« être descendu de nouveau ». Il n’avait aucune envie de se faire écharper dans cette soute.

Deux fois déjà il s’était cogné la tête et demeurait quelque peu étourdi. Il lui semblait entendre encore le bruit métallique et sourd que faisait la lance de fer en voltigeant autour de ses oreilles et cela si distinctement qu’il devait la serrer plus fort pour se prouver qu’il la tenait bien là, sous bonne garde, dans sa main.

Il s’étonna de la netteté avec laquelle on pouvait entendre là en bas, les hululements de la rafale ; dans l’espace vide de la soute, les bruits du vent semblaient presque des