Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/145

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M. Rout tombait sur sa poitrine tandis qu’il les contemplait, sourcils froncés, perdu dans ses pensées.

La voix qui écartait l’ouragan de l’oreille de Jukes commença : « Prenez l’équipage avec vous… » et cessa inopinément.

— « Qu’en ferai-je capitaine ? »

Un grincement impérieux et abrupt éclata soudain ; les trois paires d’yeux se levèrent sur le cadran du transmetteur d’ordres, au moment où l’aiguille sauta de — Toute — à — Stop — comme si elle eût été poussée par un démon. Alors ces trois hommes, dans la chambre des machines eurent chacun en particulier la sensation d’un obstacle arrêtant le navire et d’un étrange resserrement, comme si le Nan-Shan se fût ramassé pour un bond désespéré.

— « Stoppez ! » mugit M. Rout.

Personne — pas même le capitaine Mac Whirr ; qui, seul sur le pont, avait aperçu une blanche ligne d’écume s’avancer, à une telle hauteur qu’il n’en pouvait croire ses yeux, — personne ne devait jamais savoir