Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/156

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avoir secoués jusqu’à parfaite soumission, cognés un peu pour rafraîchir leur excitation, puis réconfortés avec des encouragements plus bourrus que des menaces. A présent ils étaient assis par terre, livides, en rangs abattus, à l’extrémité desquels le charpentier aidé de deux hommes allait et venait, affairé, raidissant et nouant les sauvegardes. Le maître d’équipage, se retenant à un étançon par un bras et une jambe, se battait avec une lampe pressée sur sa poitrine et qu’il essayait d’allumer, tout en grommelant comme un industrieux gorille.

Les silhouettes des matelots s’abaissaient sans cesse avec des mouvements de glaneurs et tout ce qu’ils ramassaient était expédié dans la soute : vêtements, éclats de bois, débris de porcelaine, ainsi que les dollars qu’ils rassemblaient dans des vestes. De temps à autre un matelot s’avançait en chancelant vers la porte, les bras pleins de décombres ; des regards obliques et douloureux suivaient ses mouvements.

À chaque coup de roulis les longues rangées de Chinois assis faisaient un salut