Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/167

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Advienne le pire ! si l’on ne pouvait plus l’éviter. Mais s’il fallait en croire les livres, ce pire allait offrir diablement mauvais. L’expérience de ces six dernières heures avait élargi sa compréhension ; il se doutait à présent de ce que le mauvais temps pouvait offrir : « Ça va être terrifiant » prononça-t-il mentalement.

Il n’avait pas eu conscience de regarder autre chose que les baromètres, à la lumière des allumettes ; pourtant, il avait vu que sa carafe d’eau et les deux verres avaient été arrachés de leurs supports. Cela lui donna une idée plus précise des secousses que le navire avait dû subir. « Je ne l’aurais jamais cru » pensa-t-il. Sa table aussi avait été chambardée : règles, crayons, encrier — tout ce qui avait une place assignée et sûre — toutes ces choses à terre, comme si une main malfaisante les eût arrachées une à une pour les lancer sur le plancher mouillé.

L’ouragan s’était même introduit dans les aménagements de sa vie privée, ce qui n’était encore jamais arrivé ; et un sentiment de consternation envahit Mac Whirr