Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/166

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fixèrent. Il les fermait à demi pour concentrer son attention, comme épiant un signe imperceptible. Avec sa face grave, il ressemblait à un bonze difforme et botté en train de consulter une idole et lui brûlant au nez de l’encens. Il n’y avait pas d’erreur ; il n’avait de sa vie vu le baromètre aussi bas.

Le capitaine Mac Whirr émit un petit sifflement, puis resta plongé dans ses pensées jusqu’à ce que la flamme diminuée mourût en lui brûlant le bout des doigts. Peut-être, après tout, l’instrument était-il détraqué !

Il y avait un baromètre anéroïde vissé au-dessus de la couchette. Il se tourna dans cette direction, alluma une autre allumette et la face blanche de l’instrument lui apparut. Le cadran, du haut de la cloison, le dévisageait de façon significative ; et l’inflexibilité de la matière, en face de quoi toute contradiction devient vaine, s’imposait à la sagesse incertaine des hommes. Il n’y avait plus moyen de douter. Le capitaine Mac Whirr haussa les épaules et jeta l’allumette.