Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/177

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Jukes ne l’avait jamais entendue) « À l’avant. Ça va bien. Il peut encore s’en tirer. »

Le murmure du vent s’approchait rapide. En première ligne on pouvait distinguer une sorte de plainte assoupie et, très loin, à l’arrière, l’accroissement d’une clameur multiple qui s’avançait en s’étalant. On y distinguait comme des roulements d’une multitude de tambours, une note impétueuse et mauvaise, et le chant d’une foule en marche.

Jukes avait cessé de voir distinctement son capitaine. L’obscurité s’amoncelait littéralement autour d’eux. Tout au plus pouvait-il discerner des gestes, un mouvement de l’avant-bras relevé, une tête se rejetant en arrière.

Le capitaine Mac Whirr, un peu moins placidement que de coutume, s’efforçait de faire entrer dans sa boutonnière le bouton d’en haut de son ciré. L’ouragan qui met les flots en démence, qui sombre les bateaux, qui déracine les arbres, qui renverse les murailles et précipite même l’oiseau de l’air contre le sol, l’ouragan avait