Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/176

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alors l’envahir la confiance ; c’était comme un souffle chaud, venu de l’extérieur, qui le pénétrait et le faisait se sentir désormais à hauteur de n’importe quelle exigence.

Le lointain murmure des ténèbres s’insinua furtivement dans son oreille. Il le nota, sans s’émouvoir, grâce à cette foi si belle en lui-même, comme un homme à l’abri d’une cotte de mailles examinerait la pointe d’une lance.

Le navire fatiguait sans relâche parmi les noires collines des eaux, payant par ce rude balottement la rançon de sa vie. On entendait gronder ses entrailles ; il agitait son blanc panache de vapeur dans la nuit ; et la pensée de Jukes glissait comme un oiseau à travers la chambre des machines où M. Rout — un brave homme — se tenait prêt. Quand le grondement cessa, il lui sembla qu’il y avait un arrêt de tous les bruits — un arrêt absolu — durant lequel la voix du capitaine Mac Whirr retentit.

— « Qu’est-ce que cela ? Une bouffée de vent ? » (La voix retentissait d’une manière saisissante, et beaucoup plus forte que