Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/40

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— « C’était pas vous qui parliez tantôt, dans la coursive de bâbord ?

— Si fait, capitaine.

— Avec le troisième ?

— Oui, capitaine. »

Là-dessus il se retire à tribord où il s’assied sur son petit pliant, et pendant une demi-heure peut-être n’émet plus un son… Si pourtant ; il a éternué.

Puis je l’entends là-bas qui se lève ; il s’amène à pas lents jusqu’à bâbord où j’étais :

— « Je n’arrive pas à comprendre ce que vous pouvez bien trouver à raconter », me dit-il. « Deux bonnes heures !… Je ne vous blâme pas. Moi je vois à terre des gens qui ne font que ça toute la journée, et qui le soir s’assoient et continuent tout en buvant. Il faut croire qu’ils répètent tout le temps les mêmes choses. Je n’arrive pas à comprendre. »

As-tu jamais rien entendu de pareil ? Et tout cela dit d’un ton si patient. Vrai je me sentais tout apitoyé. Mais quelquefois tout de même il m’exaspère. Naturellement on ne voudrait rien faire qui le