Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/49

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ratures s’était élevée à 117° F.[1] Des voix irritées montaient à travers la claire-voie et le capot de la chaufferie ; des clameurs rudes et aigres, mêlées à des râclements et à des grincements métalliques courroucés, comme si des hommes aux membres de fer et aux gorges de bronze se fussent querellés dans les soutes.

Le second mécanicien venait d’entrer en conflit avec les chauffeurs qui avaient laissé tomber la pression. Cet homme aux bras de forgeron était généralement redouté ; mais, cet après-midi les chauffeurs ripostaient avec audace et claquaient les portes du foyer avec toute la furie du désespoir. Le bruit cessa tout à coup et le second mécanicien apparut, surgissant de la chaufferie ; il était barbouillé de noir, pareil à un ramoneur et trempé comme s’il venait de sortir d’un puits. Sa tête n’eut pas plutôt émergé du capot qu’il se mit à tempêter contre Jukes, à qui il reprochait de n’avoir pas fait orienter convenablement les manches à air de la

  1. C’est-à-dire entre 47° et 48° centigrades.