Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/57

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« Forte houle battue. Le navire fatigue. » écrivit-il encore. « Fatigue n’est pas tout à fait le mot qui convient » se dit-il à lui-même. Puis de nouveau, sur le journal du bord : « Couchant menaçant avec une basse bande de nuages au N.-E. Ciel clair au-dessus de nous. »

Il leva la plume et, les coudes étalés sur la table, jeta un coup d’œil au dehors. Dans ce cadre que formaient les montants de la porte ouverte, il vit un peloton d’étoiles hésiter, prendre élan, puis s’essorer vers le haut du ciel noir ; et il ne resta plus à leur place qu’une obscurité martelée de lueurs blanches ; la mer était noire autant que le ciel, et au loin pommelée d’écume. Puis, le coup de roulis qui avait enlevé les étoiles les ramena avec l’oscillation en retour, précipitant leur troupeau vers la mer ; et chacune d’elle élargie, on eut dit un petit disque luisant d’un éclat moite et clair.

Jukes observa pendant un instant les larges étoiles fuyantes, puis il écrivit : « 8 heures du soir. La houle augmente. Le navire peine et embarque. Enfermé les