Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/74

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une porte qui bat. Ils ont mis un tas de serrures de camelote sur ce bateau, il faut bien le dire. »

Le capitaine Mac Whirr ferma les yeux.

Il les ferma pour se reposer. Il était fatigué et expérimentait cet état de vide mental qui survient à la suite d’une discussion poussée à fond, et dans laquelle on aurait sorti quelque conviction mûrie au cours de longues années de méditations. En réalité, il venait de faire, à son insu, sa profession de foi, ce qui eut pour effet de laisser Jukes perplexe et se grattant la tête de l’autre côté de la porte pendant un temps assez long.

Le capitaine Mac Whirr ouvrit les yeux.

Il pensa qu’il avait dû dormir. Qu’est-ce que c’était à présent que tout ce vacarme ? Le vent ? Pourquoi ne l’avait-on pas appelé ? La lampe s’agitait dans sa suspension ; le baromètre décrivait des cercles ; la table modifiait sa pente à chaque instant ; une paire de bottes molles, aux tiges affaissées glissa par de-là la couchette. Il allongea le bras prestement et s’empara de l’une d’elles.