Page:Conrad - Typhon, trad. Gide, 1918.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nulle part. Malgré tout, cette interrogation du capitaine désolait Jukes.

— « Vous auriez besoin d’eux, capitaine ? » cria-t-il anxieusement.

— « Besoin de savoir », affirma Mac Whirr. « Ah ! tenez ferme. »

Ils tinrent ferme. Un accès de furie ; l’assaut du vent plein de malice immobilisa littéralement le navire ; durant un instant de suspens terrible, celui-ci ne participa plus que par un dodelinement léger, rapide, pareil à celui d’un berceau, à la fougue de l’atmosphère ; à la bourrasque qui passait outre, issue du sein ténébreux des enfers.

Un choc. Tout suffoqués, les yeux clos, Jukes et le capitaine resserrèrent leur mutuelle étreinte. Et, d’après la violence du choc, on peut imaginer ce que la colonne d’eau devait être, qui, courant à travers la nuit, droit dressée, vint buter contre le Nan-Shan, cassa net et retomba de tout son mortel poids sur la passerelle.

Un débris de cet écroulement les enveloppa de la tête aux pieds, remplissant de saumure leurs oreilles. Cela rompit leurs genoux, disloqua leurs bras, souleva leur