Page:Conscience - Scenes de la vie flamande.djvu/514

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vous rendre propriétaire de toute sa fortune. Il ne mourait pas assez vite. Croyez-vous encore qu’on ne peut vous enlever son héritage ? Ce testament était caché dans le tiroir le plus profond de l’armoire de votre chambre. Catherine est pauvre, mais elle sait lire… Écoutez plutôt.

Elle lut d’une voix claire en appuyant sur chaque mot :

— Je déclare instituer pour mon unique héritier Charles Dominique Mathias… Et c’est l’expression de ma dernière volonté.

— Mon testament ! mon testament ! hurla Mathias avec désespoir.

— Et maintenant, voyez ce que je fais, reprit la mendiante.

— Ciel ! s’écria Mathias, elle le déchire ! Mon espérance, ma vie ! Catherine, vous m’assassinez !

Il s’aperçut au mouvement de la lumière que la femme allait s’éloigner. Il fit encore un suprême effort et cria d’un ton déchirant :

— Catherine ! Catherine… ah ! ne vous en allez pas. Ouvrez-moi ! ouvrez-moi ! Vous voulez donc me faire mourir de faim dans cet affreux cachot !

— Ce serait une juste punition de Dieu, répondit la mendiante, si tu mourais comme tu voulais faire mourir l’oncle Jean ; mais une mort pareille est trop douce pour toi ! On viendra bientôt te délivrer. Je suis allée chez le bourgmestre ; il a envoyé le garde champêtre chercher ceux qui t’ouvriront la porte de la cave et t’en laisseront sortir ; mais tu en sortiras les mains liées sur