Page:Considérations sur la France.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec lui. Insensés que nous sommes, si nous voulons qu’un miroir réfléchisse l’image du soleil, le tournons-nous vers la terre ?

Ces réflexions s’adressent à tout le monde, au croyant comme au sceptique : c’est un fait que j’avance, et non une thèse. Qu’on rie des idées religieuses, ou qu’on les vénère, n’importe : elles ne forment pas moins, vraies ou fausses, la base unique de toutes les institutions durables.

Rousseau, l’homme du monde peut-être qui s’est le plus trompé, a cependant rencontré cette observation, sans avoir voulu en tirer les conséquences.

La loi judaïque, dit-il, toujours subsistante ; celle de l’enfant d’Ismaël, qui depuis dix siècles régit la moitié du monde, annoncent encore aujourd’hui les grands hommes qui les ont dictées... l’orgueilleuse philosophie ou l’aveugle esprit de parti ne voit en eux que d’heureux imposteurs[1].

Il ne tenoit qu’à lui de conclure, au lieu de nous parler de ce grand et puissant génie qui préside aux établissemens durables[2] :

  1. Contrat social, liv. II, chap. VII.
  2. Ibid.