Page:Considérations sur la France.djvu/112

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Aujourd’hui enfin, l’expérience se répète avec des circonstances encore plus favorables ; rien n’y manque de tout ce qui peut la rendre décisive. Soyez donc bien attentifs, vous tous que l’histoire n’a point assez instruits. Vous disiez que le sceptre soutenoit la tiare ; eh bien ! il n’y a plus de sceptre dans la grande arène, il est brisé, et les morceaux sont jetés dans la boue. Vous ne saviez pas jusqu’à quel point l’influence d’un sacerdoce riche et puissant pouvoit soutenir les dogmes qu’il prêchoit : je ne crois pas qu’il y ait une puissance de faire croire ; mais passons. Il n’y a plus de prêtres ; on les a chassés, égorgés, avilis ; on les a dépouillés : et ceux qui ont échappé à la guillotine, aux bûchers, aux poignards, aux fusillades, aux noyades, à la déportation, reçoivent aujourd’hui l’aumône qu’ils donnoient jadis. Vous craigniez la force de la coutume, l’ascendant de l’autorité, les illusions de l’imagination : il n’y a plus rien de tout cela ; il n’y a plus de coutume ; il n’y a plus de maître : l’esprit de chaque homme est à lui. La philosophie ayant rongé le ciment qui unissoit les hommes, il n’y a plus d’agrégations morales. L’autorité civile, favori-