Page:Considérations sur la France.djvu/129

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Je doute que les trois races des Rois de France aient enfanté une collection de cette force. Lorsqu’on réfléchit sur ce nombre infini de lois, on éprouve successivement deux sentimens bien différens : le premier est celui de l’admiration, ou du moins de l’étonnément ; on s’étonne, avec M. Burke, que cette nation, dont la légèreté est un proverbe, ait produit des travailleurs aussi obstinés. L’édifice de ces lois est une œuvre atlantique dont l’aspect étourdit. Mais l’étonnement se change tout à coup en pitié, lorsqu’on songe à la nullité de ces lois ; et l’on ne voit plus que des enfans qui se font tuer pour élever un grand édifice de cartes.

Pourquoi tant de lois ? C’est parce qu’il n’y a point de législateur.

Qu’ont fait les prétendus législateurs depuis six ans ? Rien ; car détruire n’est pas faire.

On ne peut se lasser de contempler le spectacle incroyable d’une nation qui se donne trois constitutions en cinq ans. Nul législateur n’a tâtonné ; il dit fiat à sa manière, et la machine va. Malgré les différens efforts que les trois assemblées ont