Page:Considérations sur la France.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On peut dire que, dans ce moment, l’expérience est faite ; car on manque d’attention, lorsqu’on dit que la constitution françoise marche : on prend la constitution pour le gouvernement. Celui-ci, qui est un despotisme fort avancé, ne marche que trop ; mais la constitution n’existe que sur le papier. On l’observe, on la viole, suivant les intérêts des gouvernans : le peuple est compté pour rien ; et les outrages que ses maîtres lui adressent sous les formes du respect, sont bien propres à le guérir de ses erreurs.

La vie d’un gouvernement est quelque chose d’aussi réel que la vie d’un homme ; on la sent, ou, pour mieux dire, on la voit, et personne ne peut se tromper sur ce point. J’adjure tous les François qui ont une conscience, de se demander à eux-mêmes s’ils n’ont pas besoin de se faire une certaine violence pour donner à leurs représentans le titre de législateurs ; si ce titre d’étiquette et de courtoisie ne leur cause pas un léger effort, à peu près semblable à celui qu’ils éprouvoient, lorsque, sous l’ancien régime, ils vouloient bien appeler comte ou marquis le fils d’un secrétaire du Roi ?