Page:Considérations sur la France.djvu/132

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cice ; qu’on peut apprendre son métier de constituant, et que des hommes, le jour qu’ils y pensent, peuvent dire à d’autres hommes : faites-nous un gouvernement, comme on dit à un ouvrier : faites-nous une pompe à feu ou un métier à bas.

Cependant il est une vérité aussi certaine, dans son genre, qu’une proposition de mathématiques ; c’est que nulle grande institution ne résulte d’une délibération, et que les ouvrages humains sont fragiles en proportion du nombre d’hommes qui s’en mêlent, et de l’appareil de science et de raisonnement qu’on y emploie à priori.

Une constitution écrite telle que celle qui régit aujourd’hui les François, n’est qu’un automate, qui ne possède que les formes extérieures de la vie. L’homme, par ses propres forces, est tout au plus un Vaucanson ; pour être Prométhée, il faut monter au ciel ; car le législateur ne peut se faire obéir, ni par la force, ni par le raisonnement[1].

  1. Rousseau, Contrat Social, liv. II, chap. VII. Il faut veiller cet homme sans relâche, et le surprendre lorsqu’il laisse échapper la vérité par distraction.