Page:Considérations sur la France.djvu/135

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C’est peut-être une illusion de ma part ; mais ce salaire, qu’un néologisme vaniteux appelle indemnité, me semble un préjugé contre la représentation françoise. L’Anglois, libre par la loi et indépendant par sa fortune, qui vient à Londres représenter la Nation à ses frais, a quelque chose d’imposant. Mais ces législateurs françois qui lèvent cinq ou six millions tournois sur la Nation pour lui faire des lois ; ces facteurs de décrets, qui exercent la souveraineté nationale moyennant huit myriagrammes de froment par jour, et qui vivent de leur puissance législatrice ; ces hommes-là, en vérité, font bien peu d’impression sur l’esprit ; et lorsqu’on vient à se demander ce qu’ils valent, l’imagination ne peut s'empêcher de les évaluer en froment.

En Angleterre, ces deux lettres magiques M. P., accolées au nom le moins connu, l'exaltent subitement, et lui donnent des droits à une alliance distinguée. En France, un homme qui brigueroit une place de député pour déterminer en sa faveur un mariage disproportionné, feroit probablement un assez mauvais calcul.

C’est que tout représentant, tout instrument