Page:Considérations sur la France.djvu/153

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de notre connoissance, le plus tempéré par les lois[1].

Le royaume de France, dit-il ailleurs, est heureux et tranquille, parce que le roi est soumis à une infinité de lois qui font la sûreté des peuples. Celui qui constitua ce gouvernement[2] voulut que les rois disposassent à leur gré des armes et des trésors ; mais, pour le reste, il les soumit à l’empire des lois[3].

Qui ne seroit frappé de voir sous quel point de vue cette puissante tête envisageoit, il y a trois siècles, les lois fondamentales de la monarchie françoise.

Les François, sur ce point, ont été gâtés par les Anglois. Ceux-ci leur ont dit, sans le croire, que la France étoit esclave ; comme ils leur ont dit que Shakespeare valoit mieux que Racine ; et les François l’ont cru. Il n’y a pas jusqu’à l'honnête juge Blackstone qui n’ait mis sur la même ligne, vers la fin de ses Commentaires, la France et la Turquie : sur quoi il faut dire comme Montaigne :

  1. Disc. sopr. Tit.-Liv. , lib. I, cap. LVIII.
  2. Je voudrois bien le connoître.
  3. Disc. I, XVI.