Page:Considérations sur la France.djvu/157

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que toute autre considération doit plier devant celle-là. Le plus grand crime que puisse commettre un François royaliste, c’est de voir dans Louis XVIII autre chose que son roi, et de diminuer la faveur dont il importe de l’entourer, en discutant d'une manière défavorable les qualités de l’homme ou ses actions. Il seroit bien vil et bien coupable, le François qui ne rougiroit pas de remonter aux temps passés pour y chercher des torts vrais ou faux ! L’accession au trône est une nouvelle naissance : on ne compte que de ce moment.

S’il est un lieu commun dans la morale, c’est que la puissance et les grandeurs corrompent l’homme, et que les meilleurs rois ont été ceux que l’adversité avoit éprouvés. Pourquoi donc les François se priveroient-ils de l’avantage d’être gouvernés par un prince formé à la terrible école du malheur ? Combien les six ans qui viennent de s’écouler ont dû lui fournir de réflexions ! combien il est éloigné de l’ivresse du pouvoir ! combien il doit être disposé à tout entreprendre pour régner glorieusement ! de quelle sainte ambition il doit être pénétré ! Quel prince dans l’univers pourroit avoir plus, de motifs, plus