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SUR LA FRANCE

Quant au parti plus ou moins nombreux qui jette les hauts cris contre la Monarchie et le Monarque, tout n’est pas haine, à beaucoup près, dans le sentiment qui l’anime, et il semble que ce sentiment composé vaut la peine d’être analysé.

Il n’y a pas d’homme d’esprit en France qui ne se méprise plus oh moins. L’ignominie nationale pèse sur tous les cœurs (car jamais peuple ne fut méprisé par des maîtres plus méprisables) ; on a donc besoin de se consoler, et les bons citoyens le font à leur manière. Mais l’homme vil et corrompu, étranger à toutes les idées élevées, se venge de son abjection passée et présente, en contemplant avec cette volupté ineffable qui n’est connue que de la bassesse , le spectacle de la grandeur humiliée. Pour se relever à ses propres yeux, il les tourne sur le roi de France, et il est content de sa taille en se comparant à ce colosse renversé. Insensiblement, par un tour de force de son imagination déréglée, il parvient à regarder cette grande chute comme son ouvragé ; il s’investit à lui seul de toute la puissance de la république ; il apostrophe le Roi ; il l’appelle