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SUR LA FRANCE

les uns pour les autres. La crainte et la défiance produisent la délibération et la froideur. Le soldat, qui n’est pas électrisé par son officier, est encore plus découragé : le lien de la discipline reçoit ce coup inexplicable, ce coup magique qui le relâche subitement. L’un tourne les yeux vers le payeur royal qui s’avance ; l’autre profite de l’instant pour rejoindre sa famille : on ne sait ni commander ni obéir ; il n’y a plus d’en«  semble.

C’est bien autre chose parmi les citadins : on va, on vient, on se heurte, on s’interroge : chacun redoute celui dont il auroit besoin ; le doute consume les heures, et les minutes sont décisives : partout l’audace rencontre la prudence ; le vieillard manque de détermination, et le jeune homme de conseil : d’un côté sont des périls terribles, de l’autre une amnistie certaine et des grâces probables.. Où sont d’ailleurs les moyens de résister ? où sont les chefs ? à qui se fier ? Il n’y a pas de danger dans le repos, et le moindre mouvement peut être une faute irrémissible : il &ut donc attendre. On attend ; mais le lendemain on reçoit l’avis qu’une telle ville de guerre a ouvert ses portes ;