Page:Considérations sur la France.djvu/70

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ques, qui sait si l’on n’en découvriroit point la loi au bout de quelques siècles d’observation[1] ? Buffon a fort bien prouvé qu’une grande partie des animaux est destinée à mourir de mort violente. Il auroit pu, suivant les apparences, étendre sa démonstration à l’homme ; mais on peut s’en rapporter aux faits.

Il y a lieu de douter, au reste, que cette destruction violente soit, en général, un aussi grand mal qu’on le croit : du moins, c’est un de ces maux qui entrent dans un ordre de choses où tout est violent et contre nature, et qui produisent des compensations. D’abord lorsque l’âme humaine a

  1. Il consiste, par exemple, du rapport fait par le chirurgien en chef des armées de S. M. I., que sur 250,000 hommes employés par l’empereur Joseph II contre les Turcs, depuis le 1er juin 1788 jusqu’au 1er mai 1789, il en étoit péri 33,543 par les maladies, et 80,000 par le fer. (Gazette nationale et étrangère de 1790, n°34). Et l’on voit, par un calcul approximatif fait en Allemagne, que la guerre actuelle avoit déjà coûté, au mois d’octobre 1795, un million d’hommes à la France ; et 500,000 aux puissances coalisées. (Extrait d’un ouvrage périodique allemand, dans le Courrier de Francfort du 28 octobre 1795, n°296.)