Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/348

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proque sur cette constitution intérieure, parce que des principes de leurs constitutions peut dépendre l’exécution de leurs engagements respectifs, la sûreté du pays, par exemple, en cas d’invasion ; chaque société partielle, chaque fraction doit en conséquence être dans une dépendance plus ou moins grande, même pour ses arrangements intérieurs, de l’association générale. Mais en même temps il faut que les arrangements intérieurs des fractions particulières, dès qu’ils n’ont aucune influence sur l’association générale, restent dans une indépendance parfaite, et comme dans l’existence individuelle, la portion qui ne menace en rien l’intérêt social doit demeurer libre, de même tout ce qui ne nuit pas à l’ensemble dans l’existence des fractions doit jouir de la même liberté.

Tel est le fédéralisme qu’il me semble utile et possible d’établir parmi nous. Si nous n’y réussissons pas, nous n’aurons jamais un patriotisme paisible et durable. Le patriotisme qui naît des localités est, aujourd’hui surtout, le seul véritable. On retrouve partout les jouissances de la vie sociale ; il n’y a que les habitudes et les souvenirs qu’on ne retrouve pas. Il faut donc attacher les hommes aux lieux qui leur présentent des souvenirs et des habitudes, et pour atteindre ce but, il faut leur accorder, dans leurs domiciles, au sein de leurs communes, dans leurs arrondissements, autant d’importance politique qu’on peut le faire sans blesser le lien général.

La nature favoriserait les gouvernements dans cette tendance, s’ils n’y résistaient pas. Le patriotisme de localité renaît comme de ses cendres, dès que la main du pouvoir allège un instant son action. Les magistrats des plus petites communes se plaisent à les embellir. Ils en entretiennent avec soin les monuments antiques. Il y