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IV


DES GARANTIES JUDICIAIRES[1].

Durant presque toute la révolution, les tribunaux, les juges, les jugements, rien n’a été libre. Les divers partis se sont emparés, tour à tour, des instruments et des formes de la loi. Le courage des guerriers les plus intrépides eût à peine suffi à nos magistrats, pour prononcer leurs arrêts suivant leur conscience. Ce courage qui fait braver la mort dans une bataille, est plus facile que la profession publique d’une opinion indépendante, au milieu des menaces des tyrans ou des factieux. Un juge amovible ou révocable est plus dangereux qu’un juge qui a acheté son emploi. Avoir acheté sa place est

  1. Comparez avec ce chapitre les commentaires de Voltaire sur le livre de Beccaria : Des délits et des peines. Ces commentaires sont l’un des plus beaux manifestes de justice et d’humanité qui aient été écrits dans aucune langue ; tous les abus de la vieille législation y sont signalés, toutes les réformes juridiques accomplies depuis la fin du dix-huitième siècle y sont indiquées avec une merveilleuse intuition de l’avenir ; ils placent Voltaire au premier rang de nos jurisconsultes, et nous ne lui rendons point, sous ce rapport, l’éclatante justice qui lui est due.
    (Note de l’éditeur.)