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III


DE L’ESPRIT DE CONQUÊTE.

1813.

Des vertus compatibles avec la guerre, à certaines époques de l’état social.

Plusieurs écrivains, entraînés par l’amour de l’humanité dans de louables exagérations, n’ont envisagé la guerre que sous ses côtés funestes. Je reconnais volontiers ses avantages.

Il n’est pas vrai que la guerre soit toujours un mal[1]. À de certaines époques de l’espèce humaine, elle est dans la nature de l’homme. Elle favorise alors le déve-

  1. Dans la belle étude qu’il a consacrée à Benjamin Constant, dans la Revue nationale, M. Laboulaye dit en parlant de l’Esprit de conquête que de tous les écrits politiques de l’auteur, c’est le plus célèbre, et que la date seule n’en explique pas le succès. Écrit à Hanovre en 1813, l’Esprit de conquête s’attaque au système impérial ; mais il ne faut pas croire que ce soit une de ces philippiques où l’invective fait une partie même de l’éloquence. C’était d’un traité de politique, commencé en 1805, et achevé depuis longtemps que Benjamin Constant avait tiré cet écrit de circonstance, ce qui en explique le sérieux et la gravité. Les principes qu’il y développe n’ont rien perdu de leur force.
    (Note de l’éditeur.)