Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/421

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l’organe, et livrent à l’usurpateur hypocrite, d’une part le roi, de l’autre la république.

Mais les gouvernements absolus n’ont pas moins à craindre de cette force toujours menaçante. Si elle est terrible contre les étrangers et contre le peuple au nom de son chef, elle peut devenir à chaque instant terrible à ce chef même. Ainsi ces formidables colosses, que des nations barbares plaçaient en tête de leurs armées pour les diriger sur leurs ennemis, reculaient tout à coup, frappés d’épouvante ou saisis de fureur, et méconnaissant la voix de leurs maîtres, écrasaient ou dispersaient les bataillons qui attendaient d’eux leur salut et leur triomphe.

Il faut donc occuper cette armée, inquiète dans son désœuvrement redoutable : il faut la tenir éloignée ; il faut lui trouver des adversaires. Le système guerrier, indépendamment des guerres présentes, contient le germe des guerres futures : et le souverain qui est entré dans cette route, entraîné qu’il est par la fatalité qu’il a évoquée, ne peut redevenir pacifique à aucune époque.


Action d’un gouvernement conquérant sur la masse de la nation.

J’ai montré, ce me semble, qu’un gouvernement, livré à l’esprit d’envahissement et de conquête, devrait corrompre une portion du peuple, pour qu’elle le servît activement dans ses entreprises. Je vais prouver actuellement que, tandis qu’il dépraverait cette portion choi-