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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/27

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pas chez vous à onze heures, et je ne veux pas perdre une seule de ces minutes fortunées. Adieu.

IX. Benjamin Constant à Madame Lindsay 30 décembre 1800.

Avec quelle impatience j’ai attendu d’être libre pour pouvoir vous écrire, douce amie et aimée. Avec quelle maladresse j’ai soutenu une conversation étrangère à mon cœur et à mon esprit. Ce sont des sons qui touchent mon oreille sans me communiquer ni sens, ni pensée, ni sentiment… Non que la personne[1] qui parlait manquât d’esprit ou de bonté [pardonnez-moi cette expression, mais la passion ne doit pas altérer la justice]. Mais tout sauf vous m’est étranger. Le monde ne m’est plus rien. La voix d’Anna, le visage d’Anna, les baisers de mon Anna, sont mon univers. Que je vous remercie de sympathiser avec ma situation, de ne pas aggraver par des reproches injustes la position la plus pénible à laquelle un homme fut jamais soumis. Mon cœur déborde d’amour et de gratitude. Vous êtes la meilleure comme la plus aimable des créatures. Je vous aime, je vous admire, je vous

  1. Il doit s'agir de Mme de Staël.