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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/26

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ce que je ressens pour toi. Je ne l’ai pas cru possible. Je n’ai jamais connu de femme avant toi. Toutes celles que j’ai rencontrées étaient, sinon dégradées ou corrompues, faussées ou défigurées par la société. Toi seule tu es le beau idéal de la nature féminine. Seule tu réponds à toutes les aspirations de l’esprit, à tous les désirs du cœur. Ange d’amour et de bonheur, je t’adore… je ne vis qu’en ta présence. Je vous conjure, ange d’amour, de ne pas renoncer à notre partie de campagne. C’est toujours une ou deux heures de gagnées. Nous causerons librement dans mon cabriolet, nous serons sages aux Ternes, et je me résigne à être accompagné par qui vous conviendra ! Mais nous pourrons ensuite, s’il fait beau, prolonger la promenade. Je puis ensuite, après t’avoir accompagnée chez toi, y passer quelques instants. Le déjeuner, la course, la maison, tout cela prendra une partie de la matinée, durant laquelle nous causerons au moins librement. Ce soir je serai libre à huit heures pour tout à fait. Je vous conjure de me conserver ces heureux instants. Si mon espérance était trompée, elle retomberait sur mon cœur comme un poids mortel. Adieu ange, je t’adore, je t’idolâtre, je ne pense, je ne vis, je n’espère qu’en toi. Ne me réponds pas, je craindrais d’être obligé d’attendre la réponse, de manière à n’être