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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/37

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aux loges du rez-de-chaussée, n I, théâtre de la République. Ce n’est pas du plaisir que j’ai eu à vous entendre que vous serez étonné. Oui, je l’avoue, j’ai admiré votre logique ferme et serrée, et le talent avec lequel vous avez développé les vues du projet que vous combattiez. Vos citations ont remué mon cœur et je n’ai regretté que ce que vous avez dit sur un talent que, certes, personne ne sera jamais assez stupide pour vous refuser. Je n’ai pas assez de connaissances pour bien juger si quelquefois vous avez été adroit et même un peu sophistique. Vous avez noblement défendu une bonne cause, et quel que soit le résultat, vous avez certainement remporté la palme d’un raisonnement plein de bon sens. Je voudrais avoir autant de sujet de me louer de votre cœur que de votre esprit, Benjamin. Je suis encore frappée douloureusement de l’impression que j’ai produite lorsque j’ai paru devant vous d’une manière si inattendue : je ne me plaindrais pas que vos yeux, errant dans la salle, ne m’aient pas découverte. J’accuse seulement leur faiblesse. Je vous voyais, moi, et j’étais heureuse, et j’étais fière, et mon cœur battait au moindre de vos mouvements, je me croyais aimée ! Quelle serait son émotion, me disais-je, s’il pouvait m’apercevoir !… Je n’étais donc que vaine ? Vous n’avez été qu’étonné : à