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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/38

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peine m’avez-vous regardée. Ce n’est que par réflexion que vous m’avez dit adieu lorsque je m’éloignais. Ecoutez, Benjamin, je suis trop fière pour me plaindre longtemps de n’être pas assez aimée de vous. Plus j’attache de prix à remplir exclusivement votre âme, moins je supporte l’idée de n’être qu’un objet secondaire dans votre affection. Je suis mortellement blessée. Ménagez même ma sensibilité. Je sais que dans ce moment vous tenteriez vainement de vous justifier. Il est des choses qu’on ne juge bien qu’avec le cœur. Le mien a été cruellement froissé, et il n’est que trop vrai peut-être que le vôtre a épuisé tous les sentiments. Adieu, ne me parlez pas de ce que je vous écris. De qui avez-vous reçu une lettre étant au Tribunat ?

XVI. Benjamin Constant à Madame Lindsay 3 février 1801.

Je n’ai jamais été plus surpris qu’en recevant votre deuxième lettre. Quelle injustice ! Mais vous êtes injuste par amour ; et je devrais vous en remercier au lieu de vous le reprocher ; je n’ai jamais mieux senti combien je vous aime, combien votre image est profondément