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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/40

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par tous les mots que je pourrais tracer sur cette feuille froide. Ce nom d’Anna n’est pas une vaine formule : c’est un mot consacré, qui rappelle à mon cœur tous les souvenirs d’une félicité céleste et sans limites. Anna, c’est le nom de mon amie, de ma maîtresse, de la compagne de ma vie, associée à toutes mes joies. J’ai peut-être tort de ne pas sentir que votre situation exige des ménagements nécessaires. J’ai eu tort. Mais ce n’est pas un tort comme celui que vous me reprochez. C’est l’impatience de l’amour, de l’habitude du bonheur si pur, si doux, si complet que je goûte en fixant les yeux sur toi. Anna, folle Anna, je t’aime ! Je te verrai, je t’embrasserai, je te presserai contre mon cœur dans peu d’heures.

XVII. Madame Lindsay à Benjamin Constant Ce 22 février 1801, dix heures.

J’ai passé une nuit presque sans sommeil, mais vous étiez l’objet constant de mes pensées éveillées, et comment pourrais-je me plaindre ? Pourquoi mon imagination va-t-elle sans cesse à la rencontre des joies promises, qui termineront cette journée ? Vous êtes privilégié, mon cher, de m’inspirer des désirs