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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/41

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qui ne meurent jamais ! Vous m’avez transformée ! C’est de mon cœur, que tu as réchauffé, de mon imagination, que tu as exaltée, que jaillissent les joies inexprimables que je ressens dans tes bras. Une source plus noble et plus pure que mon corps me pousse à t’aimer et à mélanger mon âme avec la tienne. Oh ! apprends-moi à augmenter toutes tes facultés d’amour, comme tu as doublé les miennes. Apprends-moi à combler de bonheur tous les instants de ta vie. Mon orgueil, ma gloire est en toi. Tu seras ma renommée. Je n’envie personne. Donne-moi ton âme ! Donne-la moi pure de toute autre affection. Parle d’affection si cela te plaît, mais n’en ressens pour nulle autre que ton Anna. Est-ce trop présomptueux d’en demander autant ? Mais n’ai-je pas le droit de demander autant que je donne ? Benjamin, vous pouvez rejeter mon amour, mon cœur peut se briser, mais jamais je n’accepterai de dévouer ma vie à une affection partagée. Chaque jour fortifie mes sentiments. Ils sont devenus l’unique affaire des années qui me restent à donner, qui soient encore désirables. Je désire les terminer par un attachement digne. Voulez-vous me conduire au terme d’un voyage, que je regrette si amèrement de n’avoir pas commencé avec vous ? Plus j’ai vécu, plus j’ai appris à mépriser le monde et à être dégoûtée par ses perpétuelles