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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/55

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que je vous livrerai. A ce prix vous m’offrez de me consacrer votre vie, d’écrire à M. de L… que vous m’aimez, de le sommer de terminer vos intérêts avec lui et d’assurer votre créance. Enfin vous me faites une loi de vous dire avec précision ce que je veux. Jusqu’à présent je ne me l’étais pas déclaré à moi-même. Votre départ m’avait porté un coup dont je ne m’étais pas relevé. J’errai dans l’abattement et la douleur, privé de vous. Votre lettre me rend la raison. Je vois que je vous dois à vous une explication franche. Il est injuste de compromettre votre existence en me laissant plus longtemps moi-même agité çà et là par l’indécision. J’ai donc rassemblé toutes mes forces. Je me suis fait à moi-même les questions que vous me posez. Je vous en envoie la solution. Je vous aime. Dès l’instant que je vous ai vue un sentiment impérieux s’est emparé de moi. Votre figure, votre esprit, votre caractère, votre âme, tout m’a entraîné. Il y a en vous quelque chose de fier, d’indompté, de généreux, de genuine [sincère] qui est à mes yeux l’idéal d’une femme. Vous avez une force, une étendue, une impartialité d’esprit qui est un charme tout-puissant pour moi. Vous m’avez aimé : et de nouveaux plaisirs, des plaisirs jusqu’alors inconnus ont resserré mes liens et vous ont rendue nécessaire à ma vie. Jamais volupté si pure, si enivrante et si