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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/65

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sa femme vous rend libre, que vous renoncez à tout intérêt commun entre vous, que vous ne lui demandez rien, même de ce qu’il vous doit, et que vous n’en accepteriez rien, dût-il vous l’offrir. Toute autre ligne de conduite couvrirait de honte une liaison seulement soupçonnée entre nous, et tant qu’il pourra s’élever des discussions d’argent entre M. de L… et vous, je me dois, je vous dois à vous, d’éviter tout ce qui vous donnerait l’apparence d’avoir été dirigée par moi. Une femme qui m’appartiendrait ne doit avoir besoin de personne, elle ne doit rien demander à personne ; elle doit vivre pour et par moi seul. J’ai répondu. Il m’en a coûté horriblement de fixer si longtemps vos idées sur un résultat pénible : mais je le devais. Il reste maintenant la dernière question : que voulez-vous, que me demandez-vous ? hélas… votre départ si subit, si irréfléchi a mis bien des difficultés dans mes résolutions, quelles qu’elles soient : dès le premier instant, en arrivant ici, j’ai vu d’un coup d’œil toutes ces difficultés. Je ne vois aucun moyen de les surmonter tout de suite, aucun de satisfaire ce besoin que j’ai de vous voir. Cependant, après tout, l’effet de votre départ n’est pas, à beaucoup près, aussi grand que vous le croyez. On pense trop facilement, mon amie, avec une imagination mobile et effarouchée, que le public entier lit dans votre cœur. Parce que l’on