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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/68

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parce que M. de L… vous doit de l’argent, ce n’est pas une raison pour que vous en soyez dépendante, et que ce qu’il y aurait de plus naturel, serait peut-être un retour très simple, avec la profession de foi claire et nette que vous n’êtes plus rien à M. de L… que vous êtes indépendante quoique pauvre, que vous comptez qu’il assurera votre créance, et que du reste vous voulez vivre à votre manière et voir telles personnes qu’il vous plaira, et quand il vous plaira. Enfin, mon amie, ce que je veux, ma dernière lettre vous le disait. Je veux que vous soyez libre, que le goût et le sentiment nous unissent, que parvenue à l’indépendance en reconquérant ce qui vous est dû, vous viviez au milieu d’amis qui chérissent votre esprit et apprécient votre caractère ; que vous éleviez vos enfants, mère heureuse et considérée, que vous ne paraissiez la maîtresse de personne, ni soumise à personne. Voilà ce que je veux pour vous. Pour moi, en consacrant à vous une grande partie de ma vie, parce que j’y trouverais le bonheur, je veux l’indépendance que j’ai toujours conservée, je veux ne détruire aucun lien d’amitié, de reconnaissance et d’affection, n’être ni ingrat ni perfide, ni soumis à un joug quelconque. N’avoir à rendre compte d’aucune partie de ma conduite, n’avoir pas à craindre qu’un voyage de trois jours soit un crime,