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Page:Constant - Adolphe (Extraits de la correspondance), 1960.djvu/9

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nous sommes nés l’un pour l’autre, que jamais âme plus sympathique ne ressentira votre charme ? L’élévation de votre esprit, la simplicité de votre caractère, la douceur de votre sourire, joints à la dignité de vos traits, à votre nature pure, forte et sincère, étaient créés pour moi, et moi seul, tout comme votre beauté, vos lèvres, votre belle taille, vous toute enfin et chaque partie de vous !… Me punirez-vous de mon arrogance si nous nous voyons aujourd’hui ? Avec toutes vos grandes et bonnes qualités, vous êtes parfois une femme hautaine et capricieuse ! Mais jamais, après hier, vous ne me convaincrez que nous ne manquions pas notre destinée, que nous ne nous agitions pas dans des liens factices. Cependant, vous le dirai-je ? après cette conviction, je suis plus incertain et tourmenté que jamais. Rien d’ordinaire, rien de passager, ne saurait nous assurer le bonheur, ni à l’un ni à l’autre, ni même l’apparence de la tranquillité. Non, non, ni votre amitié, ni votre amour, pas même votre possession, sinon éternelle et exclusive. Quoi encore ? Je hais la douleur, je crains la douleur de cœur par-dessus tout. Votre inégalité m’effraie. Vous en abusez, vous me ferez du mal. J’aurai bientôt besoin de l’air que vous respirez comme de la seule atmosphère où je puisse vivre. Et la prudence, et votre disposition féminine, et ces deux êtres qui sont en vous, et qui se succèdent