Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/157

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rallentit sa marche, & revint sur ses pas. Malgré la résolution qu’elle avoit formée de ne jamais voir son Amant, & au contraire de l’éviter avec soin, elle trouvoit de la douceur à penser qu’il l’aimoit, qu’il la chercheroit, qu’il seroit touché de son éloignement : Elle craignoit même qu’il ne s’en consolât ; & quoiqu’elle eut une véritable pitié du chagrin où elle le croyoit plongé, elle ne laissoit pas d’appréhender qu’il n’y fût pas assez sensible.

Des sentimens si opposés se confondoient chez elle de telle sorte, qu’elle ne les pouvoit concilier ; elle redoutoit la présence du beau Berger, & craignoit tout-à-la-fois de ne le pas rencontrer ; mais cependant elle n’appréhendoit pas, moins que cette démarche, à laquelle sa vertu la forçoit, éteignant son amour, ne