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XVI

LE GENDRE AVEUGLE

[1]


Voici l'histoire de l'aveugle aux yeux clairs qui ne voyait pas son chemin, mais qui était plein de finesse.

Les jeunes gens et les jeunes filles de son village le menaient se divertir avec la jeunesse d'un autre village et, au matin, ils le ramenaient. Un matin ils se cachèrent de lui, de sorte qu'il ne put revenir chez lui. Il resta à errer dans l'enclos de la maison où avait eu lieu la fête[2]. Il se mit à chercher la porte en faisant semblant de mesurer la palissade, espérant ainsi pouvoir sortir et s'en aller. Le maître de la maison le vit qui mesurait cette palissade et lui demanda : Neveu, que fais-tu là ? L'aveugle répondit : Je mesure votre enclos pour voir s'il est aussi grand que celui de ma mère. Le maître lui demanda : Puisque tu

  1. Voir Contes et Légendes annamites, B. l5. Ces aveugles sans lésion apparente de l'œil sont désignés dans le tjame par une expression qui signifie : Celui dont l'œil regarde en arrière ou en dedans.
  2. Les tjames paraissaient avoir des réunions pour un travail en commun analogue à nos dénousillements. On a vu plus haut, conte I, une de ces assemblées faite pour décortiquer le riz de la maison.