Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/137

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accompagnée de John et de ses sœurs revenait d’une promenade qu’ils avaient faite, pour éviter l’embarras et le désordre que le château offrait de tous côtés. À peu de distance des portes du parc, ils virent s’avancer un équipage qui fit tant de poussière, que les modestes piétons furent obligés de se mettre sur le côté de la route d’où venait le vent. Lorsque la voiture fut près d’eux, ils virent que c’était une berline élégante, du goût le plus moderne ; elle était attelée de six chevaux ; plusieurs domestiques très-bien montés suivaient au galop ; et la petite société qui les regardait passer n’avait jamais vu de train plus brillant.

— Serait-il possible que lord Bolton possédât de pareils chevaux ! s’écria John avec toute l’ardeur d’un connaisseur ; ce sont les plus beaux du royaume.

L’œil perçant de Jane avait distingué au travers des nuages de poussière les armes brillantes qui semblaient ressortir des panneaux foncés de la berline. — Non, non, répondit-elle, il y a une couronne de comte ; mais ce ne sont point les armes des Boltons. Mrs Wilson et Émilie avaient bien remarqué un seigneur appuyé dans le fond de la voiture, mais son passage avait été trop rapide pour qu’elles eussent pu distinguer ses traits ; cependant Mrs Wilson avait cru reconnaître qu’il était plus jeune que le comte.

— Mon ami, dit John à un des domestiques qui détournait son cheval de l’endroit où se trouvaient les dames, voulez-vous bien me dire quel est le seigneur qui vient de passer dans cette berline ?

— C’est lord Pendennyss, monsieur.

— Pendennyss ! s’écria Mrs Wilson d’un ton de regret ; que je suis malheureuse ! Elle avait vu s’écouler, sans le voir arriver, le moment désigné pour sa visite, et maintenant, lorsqu’il était trop tard pour profiter de l’occasion, il venait pour la seconde fois dans son voisinage. Émilie, à qui son amour pour sa tante faisait partager sa sollicitude, pria son frère de faire encore une ou deux questions au domestique.

— Où votre maître doit-il s’arrêter cette nuit ? lui demanda John.

— Au château de Bolton, Monsieur ; et j’ai entendu milord dire à son valet de chambre qu’il avait l’intention d’y rester un jour, et de partir après-demain pour le pays de Galles.

— Je vous remercie, mon ami, dit John ; et le domestique piqua des deux pour rejoindre son maître.

On allait partir ; les voitures étaient à la porte, et sir Edward